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Le 08 Mai 2017 - 11h

Inauguration de la place Alphonse Gallienne

Pose de la plaque de la place Alphonse Gallienne et inauguration.
Rue de Beuville proche chemin du Hamel/rue des Sureaux.

Cette cérémonie est ouverte à tous. Le maire invite la population à se joindre aux anciens combattants, au conseil municipal et aux enfants du CMJE pour cette inauguration.

Alphonse Gallienne, "Mort pour la France"

Alphonse Gallienne est né le 12 Juillet 1922 à Brette-ville-sur-Odon. En 1943, ses parents sont cultivateurs à Mathieu. Alphonse doit partir en Allemagne pour le S.T.O. Il envisageait de se cacher dans l'Orne mais il avait été mis en garde contre le risque de représailles qu'il allait faire courir à toute sa famille.

Dans le train qui part de Caen le 30 Juin 1943, Alphonse retrouve trois camarades de Mathieu : Georges Bellanger, André Julienne et M. Bisson. En gare de Mézidon, certains jeunes du convoi, incités par un inconnu, s'emparent de caisses de camembert. Dans l'impossibilité de se saisir des véritables auteurs, la police allemande arrête Marcel Fleury, soupçonné d'avoir poussé à la révolte, et désigne 12 otages sur les 196 requis : Joseph Alphonse, Louis Calbry, Pierre Cassigneul, Robert Dayes, René Desoutter, Gaston Enault, Lucien Hilbé, Lucien Hébert, Lucien Lefèvre, Henri Poupion, Henri Renobert et Alphonse Gallienne.

Alphonse est emmené à la prison de Caen, où il restera jusqu'au 28 juillet. Avant son départ, son père obtient de le voir cinq minutes. Transféré ensuite au camp de tran-sit de Compiègne jusqu'au 3 septembre, Alphonse arrive le 5 septembre à Buchenwald après avoir voyagé dans des conditions épouvantables.

Fin septembre, il est envoyé à Dora où les Allemands fa-briquent les V1 et V2. Il reste dans le tunnel de l'usine sans voir le jour du 28 septembre 1943 au 2 février 1944. Il est ensuite envoyé à Majdanek en Pologne, dans un "hôpital", en réalité camp de concentration. A l'ap-proche de l'armée soviétique, le camp est évacué en avril vers Auschwitz-Birkenau.

Alphonse décède le 27 avril 1944 dans le quartier dit "la quarantaine". Selon les nazis, il serait mort d'une tuber-culose osseuse.

Parmi les 12 otages déportés, seuls Gaston Enault et Lucien Hilbé survivront à la barbarie nazie.

Alphonse est déclaré "disparu". Malgré les nombreuses démarches entreprises par son père, l'administration française ne le reconnaît pas "Mort pour la France". Elle lui attribue seulement le titre de "déporté politique" le 20 septembre 1954. Ce fut une lourde peine pour son père qui n'acceptait pas le terme "disparu". Il disait "soit il est vivant, soit il est mort". Dans les années 1950, contrairement à la décision de l'État, le Conseil municipal de Mathieu fait inscrire le nom d'Alphonse Gallienne sur le monument aux morts de la Commune.

En 2007, son neveu Emmanuel Leboucher se rend sur les traces de son oncle. Dès son retour, il veut rétablir la justice et entreprend les démarches pour qu'Alphonse soit reconnu "Mort pour la France". Le 10 décembre 2007, Alphonse Gallienne est déclaré officiellement "décédé le 27 avril 1944". Il est reconnu "Mort pour la France" le 2 juin 2008 et "Mort en déportation" le 24 juin 2008.

Ce voyage entrepris n'efface pas bien sûr la souffrance due à la disparition d'un être cher ni l'incompréhension face à l'horreur car tout cela dépasse l'entendement, mais il a permis de faire le deuil de ce frère, oncle, cousin et ami dont tous avaient entendu parler sans vraiment savoir ce qu'il était devenu. C'est aussi pour la famille une façon de le réhabiliter.

Alphonse Gallienne était le frère de Marie-Antoinette Leboucher, Anne-Marie Hamelin et Suzanne Henry.

Texte rédigé par la famille d'Alphonse Gallienne.